3 pièces de théâtre contemporain

Aujourd’hui, je reviens pour parler théâtre. J’aime le théâtre sous toutes ses formes, en tant que comédienne, en tant que spectatrice et en tant que lectrice. Avec la sortie de Harry Potter and the Cursed Child, je me suis rendue compte que beaucoup de gens n’avaient pas l’habitude de lire du théâtre. Même si le théâtre est fait pour être vu et entendu, on peut découvrir de véritables pépites en lisant certaines pièces. J’ai choisi de vous conseiller trois pièces de théâtres contemporains, bien loin des pièces de théâtre que vous avez dû être forcé de lire au lycée. Si vous avez du mal à rentrer dans l’histoire lorsque vous lisez une pièce, je vous conseille d’essayer de lire à haute voix, seul ou à plusieurs si il y a plusieurs personnages. Je vous recommence également d’emprunter à votre bibliothèque plutôt que d’acheter les ouvrages car en général ils coûtent plutôt cher.

Chroniques des jours entiers, des nuits entières de Xavier Durringer – 1996

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sexe, drogue et rock’n’roll (enfaite non)

Cette pièce, c’est un dialogue entre plusieurs personnages : jeunes, français, de classe moyenne voir de milieux modestes. Ils n’ont pas réussi leur vie mais ils ne sont pas malheureux pour autant, il y a un couple qui se disputent sans arrêt, un célibataire désespéré, deux « voyous » voleurs de piano … Le talent de Durringer, dramaturge, metteur en scène et réalisateur, réside dans son écriture. Le style est vif, les répliques fusent et les longs monologues sont rythmés. Les personnages, reflet d’une certaine jeunesse française qui s’ennuient et qui ne trouvent pas sa place, ne brillent pas par leur intelligence ou leurs bonnes actions mais on ressent la profonde tendresse qu’éprouve pour eux leur créateur.

Si on enlève toutes les heures inutiles, toutes les heures qu’on a passé à se laver, à manger, à boire, à aller faire les courses, à préparer à manger, à mettre la table, à regarder la télé, à travailler, à partir travailler, à revenir, à être sur les routes, entre deux endroits, deux trains, deux appartements, à dormir.
Qu’est-ce qui me reste ?

4.48 Pychose de Sarah Kane – 2000

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le contenu du livre est 1000 fois plus créatif que sa couverture

Sarah Kane est une dramaturge britannique qui s’est suicidée à l’âge de 28 ans en 1999. Cette pièce, sa dernière, est un long monologue d’une femme hospitalisée à cause d’une sévère dépression, maladie dont Sarah Kane souffrait. Ce texte, entre la fiction et l’autobiographie sous forme de théâtre, a été un véritable coup de poing pour moi. Sa lecture est très éprouvante physiquement, j’ai vraiment ressenti la douleur et la détresse du personnage. Ce monologue s’approche de la poésie en vers libres car l’écriture de Kane est très majestueuse bien que violente et crue et  la mise en page n’est pas la même qu’une pièce de théâtre classique, l’auteur joue avec la ponctuation et les espaces. Lors de la première représentation de la pièce en France, c’est Isabelle Hubert qui a interprété le texte, j’aurai tellement aimé voir cette mise en scène !

Si on enlève toutes les heures inutiles, toutes les heures qu’on a passé à se laver, à manger, à boire, à aller faire les courses, à préparer à manger, à mettre la table, à regarder la télé, à travailler, à partir travailler, à revenir, à être sur les routes, entre deux endroits, deux trains, deux appartements, à dormir.
Qu’est-ce qui me reste ?Parfois je me retourne et retrouve votre odeur et je ne peux pas continuer je ne peux pas continuer putain sans exprimer ce terrifiant ah putain cet effrayant ce blessant putain de besoin physique que j’ai de vous. Et je ne peux pas croire que je peux ressentir ça pour vous et que vous, vous ne ressentiez rien. Vous ne ressentez rien ?
Silence.
Vous ne ressentez rien ?
Silence.

Cendrillon de Joël Pommerat, 2011

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comme quoi c’est possible de faire des belles couvertures de pièces de théâtre

Pour finir sur une note plus légère, parlons réécriture de conte. Joël Pommerat est un des dramaturges et metteurs en scène français les plus connus de sa génération. Pour être honnête, je ne connais pas l’ensemble de son travail mais depuis quelques années il s’amuse à monter des spectacles transposant des contes classiques dans une époque plus contemporaine. Après Le Petit Chaperon Rouge et Pinnochio, il s’est donc attaqué à Cendrillon qui devient dans la pièce Sandra. Cette réécriture est surtout centré autour du thème du deuil et plus précisément de la culpabilité d’être encore en vie quand un de ses proches n’est plus là car la jeune fille doit remonter la pente après le décès de sa mère alors que son père est bien décidé à refaire sa vie. La morale de l’histoire est donc tout autre que celle du conte original. De plus, la pièce est très poétique et si on la lit sans jamais avoir vu la scénographie du spectacle, il est plaisant de s’imaginer le décor et les costumes avec les didascalies (la maison de la belle-mère est en verre, Sandra a en permanence une horloge autour de son cou pour ne pas oublier de penser à sa mère …).

La très jeune fille :
Je crois que des fois dans la vie, on se raconte des histoires dans sa tête, on sait très bien que ce sont des histoires, mais on se les raconte quand même.

C’est plus difficile de parler de pièces de théâtre à lire que je le pensais ! Je n’ai vu aucune mise en scène des oeuvres dont je vous parle et je crois qu’il est plus facile de parler de théâtre en tant que spectatrice qu’en tant que lectrice. Si le théâtre vous intéresse dites le moi dans les commentaires, je pourrai faire un article sur des spectacles qui m’ont marqué ou sur ma pratique personnelle du théâtre!

Les BDs du mois de janvier

Nous sommes aujourd’hui le 29 janvier et le festival d’Angoulême est en train de se dérouler. L’édition de cette année a particulièrement fait polémique à cause de l’absence d’auteurs femmes nominées pour le Grand Prix. De nombreux auteurs masculins faisant parti de la liste ont alors décidé de se retirer de la compétition comme Riad Sattouf. Pour rendre hommage à toutes ces femmes qui écrivent bel et bien de la BD, j’ai décidé de vous présenter 3 BDs écrites par des femmes (toutes françaises pour le coup) que j’ai lu au cours du mois de janvier.

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La nouvelle BD de Bagieu sortie l’année dernière change plutôt pas mal de ce qu’elle a pu faire précédemment tant au niveau de l’histoire que du dessin. California Dreamin’ nous emmène aux Etats-Unis dans les 60s à la rencontre de Cass Elliot, la mythique chanteuse du groupe The Mamas & the Papas. Cass est un personnage très attachant et très fort, une femme ronde avec un caractère bien trempé prête à tout pour devenir chanteuse. Bagieu a effectué un énorme travail de recherche car la BD est vraiment proche de la vraie  de la vie de la chanteuse que ce soit au niveau de l’histoire ou de la ressemblance entre les lieux et personnages de la BD avec la réalité. Toute la BD a été entièrement réalisé au crayon à papier ce qui donne un nouveau souffle au trait de Bagieu et des planches vraiment magnifiques. Je vous conseille cette BD si vous avez envie de vous replonger dans les 60s entre drogues et musique et rock ou si vous avez envie de découvrir une femme libre et indépendante qui refuse toutes contraintes de la société !

California Dreamin’ de Pénélope Bagieu

Editions Gallimard – 2015

24€

15/20

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Marjane Satrapi est connue pour sa série Persépolis qui a d’ailleurs reçu des prix à Angoulême. Aujourd’hui, elle semble plus s’être tourné vers la réalisation que les BDs mais il est toujours bon de se replonger dans son travail. Dans Broderies, Marjane Satrapi nous fait pénétrer à l’intérieur du salon de sa grand-mère lors d’un thé entre femmes en Iran. Des femmes de la famille et des amies de plusieurs génération sont présentes, chacune raconte tour à tour une anecdote intime de sa vie de femme lié aux hommes, à l’amour ou au sexe entre commérages et révélations. J’ai trouvé que cette BD était vraiment un très bel hommage aux femmes de sa jeunesse et à toutes les femmes iraniennes. On y découvre des femmes libérées sexuellement dans un pays où le droit des femmes est discutable. Des thèmes comme le mariage forcé ou la première fois sont abordés avec beaucoup de finesse. Ce livre est tout pleins de tendresse et nous donne l’impression, pour la durer de notre lecture, de faire parti de ce cercle de femmes.

Broderies de Marjane Satrapi 

Editions l’Association – 2003

18/20

Encore une auteure que je connais bien, Vanyda qui a écrit la série Valentine emblème des mes années collège. J’ai trouvé cette BD à ma bibliothèque et j’avais envie de voir ce que Vanyda était devenue. Un petit goût de noisette est en réalité un recueil de nouvelles parfois faisant uniquement quelques pages parfois plus longues. Chaque nouvelle se concentre sur le point de vue d’un personnage et de ses rapports avec d’autres souvent dans le cadre d’une idylle amoureuse. Certains personnages se retrouvent dans plusieurs nouvelles mais pas tous.  J’ai trouvé le concept très sympa mais cependant, j’ai eu du mal à accrocher à certains personnages alors que deux-trois ont réussi à vraiment me toucher. Le style de Vanyda est toujours très proche du manga mais cette fois elle a rajouté de la couleur, une couleur pour chaque nouvelle, ce qui nous offre des planches vraiment magnifiques. Je ne pense pas que cette BD me marquera longtemps car j’ai surtout préféré le dessin plutôt que l’histoire qui était parfois trop brève pour me marquer.

Un petit goût de noisette de Vanyda

Editions Dargaud – 2014

17.95€

12/20

2015

2015. Une année étrange et mouvementée. J’aime beaucoup les derniers jours de l’année où tout le monde fait son bilan et ses bonnes résolutions pour l’année suivante (dans les miennes : tenir ce blog beaucoup plus régulièrement). Cette année n’a pas été très bonne pour beaucoup  de personnes et surtout pour notre pays. J’ai envie de croire que en changeant d’année tout ira moins, qu’on pourra tout recommencer. Ce ne sera malheureusement surement pas le cas.

Avant de passer en 2016, j’avais envie de faire un petit bilan culturel de l’année en vous proposant 3 livres et 3 albums qui ont marqué mon année. J’ai choisi de vous raconter des souvenirs lié à ses objets culturels plutôt que de véritables chroniques. J’écris ce post pour garder une trace de 2015.

Livres

J’ai lu cette année selon Goodreads 66 livres et 16 514 pages et j’en suis plutôt fier. J’ai vraiment diversifier mes lectures par rapport aux autres années et je compte bien continuer en 2016 en lisant de nouveaux genre et de nouveaux auteurs.

Saga de Tonino Benacquita

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Ce livre c’est la femme chez qui je vivais quand j’étais au Canada qui me l’a conseillé. Elle me l’a cité, avec un livre de John Irving, comme étant son livre préféré. Quelques jours plus tard, je tombe sur les deux livres pour quelques dollars dans une église reconverti en bouquiniste à Québec. Juste une coïncidence mais j’y ai vu un signe : j’achète les deux livres.

Saga raconte l’histoire de 4 auteurs très différents en galère qui sont réunis par une chaîne de télévision pour écrire le scénario d’une série télé qui passera pendant quelques mois à 4h du matin. Ils ont carte blanche, le but étant juste de respecter les quotas de production française de la chaîne. Je vous laisse découvrir la suite de ce roman très surprenant et vraiment original.

L’identité de Milan Kundera

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Décidément, mes lectures de cette année ont été marqué par mes voyages. Lorsque que je pars quelque part, j’essaye toujours de lire des livres d’auteurs de ma destination avant de partir. Cet printemps, je suis allée à Prague et avant de partir j’ai découvert Kundera dans ce roman. Depuis j’en ai lu deux autres pour vous dire à quelle point j’aime cet auteur. J’adore la façon dont il mélange l’histoire de ses personnages de fictions et ses pensées philosophiques personnelles qui résonnent énormément en moi. Je lirai encore du Kundera en 2016.

Faut-il manger des animaux ? de Jonathan Safran Foer

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Ce livre est certainement le livre qui a le plus changé ma vie pour longtemps car c’est après sa lecture que je suis devenue végétarienne. En 2015, j’ai commencé à lire des essais genre qui jusqu’à cette année je pensais injustement élitiste et trop compliqué pour moi. Jonathan Safran Foer est à la base un (très bon) jeune auteur de fictions américain, je suis tombé par hasard sur cet essai sur l’industrie de la chair animale. Pour être franche, j’étais déjà au courant de nombreux problèmes de notre industrie agroalimentaire mais j’avais jusqu’à cet automne choisi inconsciemment comme la majorité de la planète de fermer les yeux dessus et de ne pas m’y intéresser pour ne pas bouleverser mes petites habitudes. Ce qui m’a plus dans ce livre, c’est le ton de l’auteur, pas du tout accusateur. Il aborde les conséquences d’un régime omnivore sous différent angles : environnement, santé, philosophie … J’ai surtout aimé les paragraphes où ils se questionnent sur l’importance de la viande dans nos relations sociales, dans nos traditions, comment ne pas avoir l’impression de trahir sa grand mère quand on ne peut plus manger sa recette de poulet familiale par exemple. Mais je reviendrai probablement sur ce sujet l’année prochaine sur le blog !

Musique

Maintenant 3 albums sortis cette année que j’ai énormément écouté! Ce sont tous les trois des albums d’artistes déjà assez connu qui ne m’ont pas déçu leur de leur retour en 2015. Ils sont les trois en anglais mais j’ai découvert pas mal d’artistes qui chantent en français ces derniers temps, peut être de quoi faire une playlist … Vous remarquerez que je suis vraiment nulle pour décrire des musiques.

Shook Shake Shaken de The Do

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3ième album du duo The Do, encore meilleur que les deux précédents pour ma part. J’ai eu la chance de les voir en concert pour la deuxième fois sur cette tournée. Ce concert était tout simplement un des meilleurs que j’ai jamais fait. Une énergie incroyable. Beaucoup d’amour. Merci, merci The Do !

Hungry Dirty Baby de Mademoiselle K

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Le retour de Mademoiselle K, en anglais mais toujours aussi rock ! Du bon rock parfois violent comme on en fait plus beaucoup surtout en France avec des paroles complètement barrés !

How Big, How Blue, How Beautiful de Florence + the Machine

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Le nouvel album de la reine de la musique Florence Welch. Toujours cette voix puissante incroyable sur des rythmes pop entraînants qui lui sont pourtant très personnels. Plusieurs textes de cet album m’ont particulièrement touché ainsi que les clips qui ont accompagnés certains titres.

 

Aristotle and Dante Discover The Secrets Of The Universe de Benjamin Alire Saenz

J’étais très enthousiaste à l’idée de lire ce livre vu toutes les bonnes critiques et la magnifique couverture et je dois dire que j’ai été très déçu. Benjamin Alire Saenz nous raconte l’histoire de deux garçons qui vivent dans une petite ville des Etats-Unis. Ari (diminutif d’Aristote), le narrateur du livre, est un adolescent solitaire qui n’a pas vraiment d’amis et qui rencontre un été à la piscine municipale, Dante, un autre adolescent qui propose de lui apprendre à nager. Ces quelques phrases sont tous ce que vous devez savoir pour lire le livre.

Ce roman qui fait donc parti de la vague des coming of age (je ne sais pas si il existe un terme en français pour désigner ces histoires où des adolescents/jeunes adultes apprennent à se construire et à grandir) story young adult qu’on voit un peu partout en ce moment et a, à mon plus gros désespoir, tous les plus grand défauts du genre. Ce que je rapproche en général à la littérature YA, John Green en tête de liste, est le manque de réalisme qui m’est insupportable ! Je ne veux pas vous spoiler donc je soulèverai plus bas tous les éléments de Aristotle and Dante qui m’ont paru complètement invraisemblable. En plus de l’intrigue, le style de l’auteur, bien que très poétique, est complètement inapproprié pour des adolescents de 15 ans. J’aurai pu passer outre que étant donner que la narration se fait par Ari, un garçon qui déclare ne peut être à l’aise avec les mots, il est improbable qu’il s’exprime avec ce vocabulaire et ces formes de phrase mais les dialogues sont encore pire ! Sérieusement qui à 15 ans sort des phrases comme « je veux découvrir tous les secrets de l’univers » ??? Je l’ai lu en anglais et n’étant pas de langue maternel anglaise, je sentais quand même que les phrases ne faisaient pas du tout naturel dans la bouche d’adolescents de 15 ans ! Le seul livre YA contemporain que j’ai lu pour l’instant et qui m’a paru avoir une narration appropriée pour un adolescent est The Perks of being the Wallflower (Le Monde de Charlie de Stephen Chonbsky) donc si vous en avez d’autres à me conseiller je suis preneuse !

Je trouve que le thème du coming of age est vraiment un sujet qui mérite d’être abordé car je suis persuadée que ce genre de livre peut aider des adolescents (ou pas d’ailleurs) à se construire et à s’identifier au personnage. Cependant, l’orientation que prenne la plupart des auteurs actuels notamment depuis le phénomène John Green me désole un peu. Le livre n’est pas mauvais, je l’ai lu en 2 jours, j’ai trouvé les personnages plutôt attendrissants mais j’en attendais beaucoup plus et au final, l’histoire n’a rien d’exceptionnel, elle n’apporte rien de nouveau dans le genre alors qu’elle en avait le potentiel. Il y a des éléments qui sont pour moi trop mal exploité, j’aurai aimé plus d’informations sur les personnages secondaires et sur des sujets qui sont abordés à la va-vite. Par exemple, les deux adolescents viennent de familles mexicaines et Dante déclare plusieurs fois ne pas être un « vrai Mexicain ». Je m’attendais donc qu’à un moment le thème de l’intégration, de la confrontation entre deux cultures arrive ce qui m’aurait beaucoup intéressé mais il n’est jamais arrivé.

Passons maintenant à la partie spoilers ! Si vous voulez lire le livre, je vous conseille de vous arrêter ici !

Tout d’abord, on découvre très vite que le véritable thème centrale du livre n’est pas une amitié mais une relation amoureuse entre les deux garçons. Je savais dès le début que le livre parlait d’homosexualité car j’avais lu des résumés qui le mentionnait ce qui est d’ailleurs dommage car je pense que ma lecture aurait été meilleur si je l’aurai découvert au fil du livre. Si la façon dont est raconté la découverte de son homosexualité par Dante est plutôt réussi et réaliste, pour Aristotle ont par dans du grand délire. Dante embrasse des filles dans des soirées, il se rend  compte que ça ne lui plait pas, il a envie d’essayer avec un garçon, ça se tient. Aristote,lui, c’est ses parents qui viennent lui dire dans les 20 dernières pages du livre que c’est bon tout le monde sait qu’il est amoureux de Dante et qu’il est gay et Aristote répond « okay c’est cool vous avez raison ». Vous sentez le niveau de what the fuck ??? Sérieusement depuis quand des parents vous 1) dire à leur enfant qui ils aiment, 2) dire à leur enfant que c’est bon tout le monde sait qu’il est gay sauf lui-même faut arrêter de déconner et surtout 3) pourquoi l’enfant se contente d’acquiescer sans rien dire ??? De toute façon les parents dans le livre sont assez exceptionnels des deux côtés. Les parents de Dante vivent dans un monde de bisounours complet, j’ai trouvé sa mère qui s’amuse à psychanalyser Aristote insupportable.  Des parents aussi parfaits et à l’écoute de leurs enfants je ne pense pas que cela existe. Surtout que là, les parents de Dante ET les parents de Aristote baignent un peu dans ce même délire de « j’aime mon enfant quoiqu’il arrive je suis le cliché du parent parfait! ».

J’aurai encore beaucoup de points à soulever comme notamment la facilité avec laquelle l’auteur évite pleins de problèmes (des gens se vont agresser sans problèmes après avec la police, Dante a peur que ses parents ne puissent pas avoir de petit-enfants vu qu’il est homosexuel (l’adoption existe mais bon) BAM sa mère tombe enceinte …) mais j’aimerai en souligner un avant de conclure ma chronique : le sexe. Je ne comprends pas comment on peut éviter à ce point la question de la sexualité à ce point dans un livre qui parle des premiers relations amoureuses à l’adolescence. Le livre parle une fois de masturbation mais un des personnages (Aristote) ne semble pas trop être au courant de ce que c’est et trouver ça malsain (il doit avoir 16 ans à ce moment vive le réalisme !). Je ne dis pas que je veux des scènes érotiques toutes les deux pages mais je pense que les auteurs pourraient s’aventurer au-delà du traditionnel premier baiser surtout quand leurs personnages dépassent 16-17 ans ! Fin des spoilers

Vous aurez compris que même si je n’ai pas trouvé ce livre affreux et que je comprends qu’il puisse plaire, je lui rapproche énormément son manque de réalisme ! S’il vous plait faites nous des personnages adolescents qui ressemblent et s’expriment vraiment comme des adolescents !!

Aristotle and Dante Discover The Secret of The Universe (Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers) de Benjamin Alire Saenz

Simon & Schuster Book pour la VO (2012)

A paraitre en juin 2015 chez Pocket Jeunesse pour la VF

Notre Livraddict : 10/20

Les Crocodiles, témoignages mis en dessin par Thomas Mathieu

A l’origine de cet BD, le Tumblr  de Thomas Mathieu, auteur de bande dessiné. Le jeune homme a en effet après le visionnage du documentaire « Femmes de la rue » par Sofie Peeters sur le harcèlement de rue dans sa ville, à Bruxelles, décidait d’interroger les femmes de son entourage à propos de ce phénomène. Il a alors découvert que de quasiment chaque femme qu’il interrogeait avait une histoire à raconter à propos du harcèlement de rue et du sexisme ordinaire. Il crée alors son Tumblr pour mettre en dessin les témoignages de ses proches puis d’inconnues, victimes ou témoins en représentant les hommes sur ses planches en crocodile. A l’automne dernier, les éditions Le Lombard publie certaines de ses planches ainsi que des conseils destinés aux femmes qui subissent ses injures.

Tout d’abord, j’aimerai dire merci. Merci à Thomas Mathieu de s’être intéressé au harcèlement de rue, merci d’avoir recueilli tous ces témoignages et de les avoir rendu visible. Le problème quand une femme fait part d’une expérience désagréable de harcèlement les gens, particulièrement les hommes qui n’ont jamais connu ce genre de situation, ont tendance à décrédibiliser le récit de la personne en lui disant qu’elle exagère, qu’il n’y a rien de mal dans ce qu’elle raconte … Le faite que cet BD par un homme permettra peut être de faire ouvrir les yeux sur ce problème à plus de gens que si elle avait été écrit par une femme qui aurait surement été considéré comme « une autre femme qui s’énerve pour rien » (ce qui est très malheureux mais étant donné cette situation, il est bien que des hommes comme Thomas Mathieu aborde ce sujet).

Sur le contenu de la BD en elle-même, il y a trois parties : les témoignages, les conseils et des textes de 4 personnes différentes en complément. J’ai trouvé ces textes vraiment très utile notamment celui qui explique pourquoi les hommes sont représentés en crocodile. J’avoue avoir été assez sceptique au début du projet comme beaucoup car représenter tous les hommes sous la même forme, celui  d’un prédateur, ne me plaisait pas. Cependant lorsqu’on connait les volontés de l’auteur qui sont expliqués à la fin du livre, j’ai trouvé ça plutôt judicieux. Donc si cet élément vous freine, je vous conseille vraiment d’avoir la curiosité d’ouvrir le livre, vous pourriez être surpris !

Sinon le style graphique est vraiment intéressant, je trouve que les couleurs (le noir et blanc et un vert pomme très flash) rendent vraiment bien. Sur le choix des témoignages en eux même, je les ai trouvé varié et ils montrent bien que pleins de choses peuvent être considéré comme du harcèlement de rue. Certains sont drôle, d’autres plus tragique, on y trouve parfois un peu d’espoir lorsqu’un inconnu intervient pour sauver la personne en détresse. Cependant, certaines planches ne parlent pas de harcèlement (il y a une planche sur le viol conjugal par exemple, une autre de harcèlement d’une femme par son ex …). Ses sujets sont aussi intéressants et méritent d’être traité mais je trouve qu’ils n’avaient pas vraiment leur place dans la BD et peuvent porter à confusion pour les personnes qui cherchent à comprendre ce qu’est le harcèlement de rue grâce à cet ouvrage car ce n’en sont pas des exemples.

Je vous conseille donc vraiment cet BD surtout si le sujet ne vous est pas familier. Je pense que c’est un très bon cadeau à offrir à vos proches et pour sensibiliser les hommes de votre entourage qui restent aveugle à ce problème. J’ai personnellement trouvé ce livre à ma médiathèque et je trouve que c’est un indispensable à avoir dans les bibliothèques municipales et les CDI de lycées !

 Les crocodiles mis en dessin de Thomas Mathieu

Le Lombard

2014

Just Kids de Patti Smith

« Il a déclaré plus tard que l’Eglise l’avait mené à Dieu et que le LSD l’avait mené à l’univers. Il a dit également que l’art l’avait mené au diable et que le sexe l’avait maintenu auprès de lui. »

Just Kids est l’hommage de la chanteuse et poète Patti Smith à son ami et ancien amant le photographe Robert Mapplethorpe décédé en 1989. Ce livre autobiographique qui se déroule principalement entre 1967 et 1969 raconte donc l’histoire de ces deux personnalités et l’ambiance sulfureuse du milieu artistique de cette époque.

Cette histoire m’a complètement bouleversé. J’étais déjà une grande fan de Patti Smith pour sa musique et son style d’écriture ainsi que sa personnalité m’ont complètement séduit. J’ai appris énormément de choses sur cette femme et j’ai adoré découvrir ses réflexions personnelles sur certains sujets. Quant à Robert Mapplethorpe, que je ne connaissais pas, je me suis très vite attaché à lui. J’ai  adoré la relation qu’ils entretenaient ou en tous cas la manière dont Patti l’a décrit, c’est une relation complètement fusionnel qui va à mon sens bien au delà d’une simple histoire amoureuse. Patti et Robert se cherchent et se retrouvent, s’éloignent et se rapprochent, leur art restant toujours au centre de leur idylle.

En plus de découvrir leur personnage, j’ai pris énormément de plaisir à découvrir leur art. On découvre petit à petit comme Patti est venue à la musique et Robert à la photographie. Avant cela, ils sont en effet passés par pleins d’autres techniques comme la poésie, le dessin, les installations, le théâtre … Comprendre leur démarche et découvrir les idéaux qu’ils ont voulu défendre dans leur travail m’a captivé et souvent inspiré dans mon travail personnel. Ces deux parcours démontrent comment en partant de rien on peut atteindre une reconnaissance internationale.

Patti et Robert ne sont cependant pas les seuls protagonistes, ils vont rencontrer énormément d’autres personnes de la scène new-yorkaise de l’époque, Andy Warhol, Jimi Hendrix, Allen Ginsberg et Janis Joplin pour ne citer qu’eux. L’univers très particulier dans lequel les deux artistes évoluent n’existe plus aujourd’hui et ce livre est à mon sens un hommage également à New York à la fin des années 60 et à ces lieux mythiques comme le Chelsea Hotel et la Factory. Tous les artistes qui ont fait parti de cette vague se sont énormément inspirés entre eux et malgré la pauvreté de beaucoup, une vraie entraide existait.

Patti Smith aborde à travers ses mémoires des sujets comme la drogue, l’homosexualité, l’avortement et la pauvreté avec une sincérité touchante et une véracité troublante. Pendant toute ma lecture, j’entendais sa voix rauque et cassée qui me murmurait ses paroles. Je crois que ce qui m’a permis d’être totalement emporté est le fait que le récit est très humble sans aucune prétention semblable à une confession. Patti Smith et Robert Mapplethorpe étaient, sont encore, d’immenses artistes, elle a composé des tubes mondiaux (Because the night …) et il a révolutionné l’art de la photographie, ils ont rencontré les plus grands de leur époque et sont allés dans les endroits les plus en vogues pourtant comme le souligne le titre, ils étaient juste des enfants et c’est ça qui m’a touché. Pouvoir pendant quelques instants pénétrer dans cet univers fou et innovateur que je ne connaîtrai jamais et se sentir proche à tel point de ses légendes que l’on ressent leurs sentiments et leurs rêves est un cadeau très précieux.

Just Kids est un livre à découvrir pour tout les amoureux de l’art et du rock, de New York et des sixties. Les mots de Patti Smith et le souvenir de Robert Mapplethorpe continueront à me hanter pour un moment. Encore plus que la nostalgie de cette période révolue et les espoirs d’une jeunesse qui veut changer le monde c’est l’amour qui unissait les deux artistes et qui les unit à jamais qui ressort de ce livre. A lire absolument !

Couverture Just Kids

Just Kids de Patti Smith

Folio

2010

L’usage du monde de Nicolas Bouvier

« Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui même. On croit qu’on va faire un voyage mais bientôt c’est le voyage qui vous fait ou vous défait. »

Ce livre est le récit du voyage de Nicolas Bouvier et Thierry Vernet de Genève jusqu’au porte de l’Inde dans les années 50. Les deux amis avaient alors une vingtaine d’année, Nicolas Bouvier sort tout juste de l’université et veut être auteur ou journaliste, Thierry Vernet est lui artiste (ces dessins illustrent le livre), ils possèdent juste une vieil voiture et une envie débordante de voir le monde.

J’ai absolument adoré l’atmosphère du livre ! Les histoires de roadtrips en mode conduisons jusqu’où notre voiture pourra nous pousser m’ont toujours fait rêvé (Sur la route de Kerouac est un de mes livres préférés de l’univers) et je suis plus adepte des voyages sac à dos où il faut se débrouiller comme on peut au milieu des locaux plutôt que des vacances enfermés dans des résidences à bronzer au bord d’une piscine. Clairement, ce livre m’a fait rêver et m’a donné envie de tout plaquer et de partir à l’aventure !

Les pays qu’ils traversent sont des pays très peu connus comme la Yougouslavie, la Serbie, l’Iran ou l’Afghanistan. J’ai pu découvrir des cultures et des paysages qui m’ont semblé  fabuleux même si ils sont surement aujourd’hui endommagés par la guerre et les problèmes politiques. Le regard de Nicolas Bouvier sur ces civilisations est très humble et très ouvert. Il ne juge à aucun moment les coutumes des autres et se montre très curieux nous transmettant à travers son style d’écriture très plaisant son intérêt. En plus d’être une invitation aux voyages, Nicolas Bouvier nous invite à s’ouvrir aux autres et à prendre conscience qu’il y a des civilisations totalement différentes aux nôtres qui ont de grandes qualités.

Cependant, j’ai mis énormément de temps à lire ce livre et j’ai eu du mal à me plonger dedans. La lecture est plutôt difficile tout d’abord car mon édition ne comprenait pas de carte avec le périple des deux voyageurs ce qui fait que je me repérais pas du tout dans l’espace. J’ai aussi trouvé que le livre manquait d’explications, parfois l’auteur utilise des mots en dialecte local ce qui m’a complètement perdu. Même chose lorsqu’il aborde la politique des pays qu’ils traversent, j’ai déjà très peu de connaissance sur ces pays à l’heure actuel mais en plus, il parle de ces pays dans les années 50.

J’ai largement préféré les moments où il parle de ses relations avec les gens, locaux ou autres voyageurs, plutôt que les longues descriptions des paysages qui sont parfois lassants. Plusieurs fois dans le livre, Nicolas Bouvier et Thierry Vernet sont obligés de chercher des jobs pour pouvoir continuer leur voyage, ils vendent alors ce qu’ils savent faire Nicolas ses écrits et ses connaissances, Thierry son art. Voir la relation que les gens qu’ils ont rencontré ont avec la littérature européenne ou la peinture  m’a beaucoup plu. J’aurai aimé qu’il nous parle encore plus des traditions, des gens, des religions de toutes les civilisations qu’il a eu la chance d’aborder. Surtout que je suppose que certaines tribus nomades et encore très coupé du monde dont il parle ne sont plus du tout dans le même état aujourd’hui.

J’ai aussi regretté qu’il ne parle pas plus de sa relation avec Thierry et de son passé, de sa vie à Genève, de ce qui l’a poussé à entreprendre ce voyage.

Pour conclure j’ai beaucoup aimé ce livre parce qu’il m’a permis de m’évader dans des endroits dont je ne connaissais même pas l’existence mais il m’a laissé sur la fin et j’ai été parfois complètement perdu.

L’usage du monde de Nicolas Bouvier avec des illustrations de Thierry Vernet

Editions La Découverte

1963 (le voyage a été fait en 1953 mais le livre a été publié 10 ans après)

Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley

« – Mais je n’en veux pas, du confort. Je veux Dieu, je veux de la poésie, je veux du danger véritable, je veux de la liberté, je veux de la bonté. Je veux du péché.
– En somme, dit Mustafa Menier, vous réclamez le droit d’être malheureux.
– Eh bien, soit, dit le Sauvage d’un ton de défi, je réclame le droit d’être malheureux. »
Je pense que grand nombre d’entre vous connaissent ce livre qui est considéré comme un classique de la science-fiction. Pour ma part, je me suis rendue compte il y a quelques temps que malgré mon énorme passion pour la fantasy/science-fiction , j’avais lu très peu de classique de ces genres (si vous en avez à me conseiller, n’hésitez pas !).
Le Meilleur du monde parle donc d’une société futuriste (c’est mieux quand on écrit de la SF, non ?) où les humains sont fabriqués en laboratoire et élevés dès leur naissance pour correspondre a une des 4 classes, de la plus élevé les Alphas à la plus basse les Epsilons. On va retrouver dans ce contexte très riche, plusieurs personnages. Dans la premier partie du roman, on rencontre Bernard Marx un Alpha Plus qui est rejeté par les autres à cause de son apparence physique particulière et Lénina Crowne, une jeune femme Beta Plus (les Betas sont la caste juste après les Alphas) qui est très belle. Ils vont tous les deux partir en excursion dans une « réserve » c’est à dire un endroit où les gens vivent en marge de cette société.  La société créé par Aldous Huxley est énormément complexe et je pourrai vous en parler pendant des heures mais ce que je préfère dans les mondes/sociétés imaginais c’est de découvrir tous les petits détails inventé par l’auteur et je n’ai pas envie de gâcher ça aux personnes qui désireraient lire le livre, je resterai donc brève sur l’intrigue et les personnages.
Le Meilleur des mondes est clairement une dystopie (petite parenthèse j’ai entendu sur plusieurs endroits que Le Passeur de Loïs Lowry était la première dystopie mais pas du tout, arrêtons cette erreur ! ce livre est certainement la première dytopie jeunesse mais on écrivait déjà de la dystopie en 1932). Le but de ce genre de roman est de créer une société futuriste sombre pour dénoncer la nature humaine et les problèmes d’aujourd’hui. Le Meilleur des mondes a donc été écrit il y a plus de 80 ans mais sa réflexion est encore très pertinente aujourd’hui.  C’est très pessimiste et l’auteur ne laisse guère d’espoir ce qui ne me gêne pas du tout mais pourra peut-être dérangé certain.
Je pense qu’étudier ce livre en profondeur doit être très intéressant car je pense qu’aucun détail n’a été laissé au hasard et que j’ai sûrement dû louper des choses pendant ma lecture. Je trouve que la démarche est vraiment intéressante car dans ce meilleur des mondes qui paraient aux yeux des lecteurs affreux, certains personnages arrivent à être heureux comme Lenina par exemple en première apparence en tout cas. Pendant toute la première partie du roman, qui est très descriptif de la société (peut-être un peu trop), aucun signe nous montre que ce système déplaît à quelqu’un ou est contesté et ça change de tout ce que j’ai pu lire en dystopie.
Le style littéraire ne m’a pas vraiment plu ni déplu, je l’ai lu en français donc je me dis que peut-être la traduction ne rend pas vraiment justice à la plume de Huxley. Dans tout le livre de nombreuses références sont glissés à des personnes réels (comme les noms des personnages) ou à d’autres œuvres ce qui me plait énormément. L’exemple le plus frappant est celui du Sauvage qui s’exprime constamment en citant Shakespeare. Je n’ai lu que deux pièces de Shakespeare (Le Songe d’une nuit d’été et Roméo et Juliette), j’ai trouvé toutes ces citations très intéressantes surtout qu’elles sont parfois tiré d’oeuvre du dramaturge anglais peu connu et toujours placé très intelligemment. Par contre, une nouvelle fois je sais pas si c’est du à la traduction, passer du style de Huxley à celui de Shakespeare comme ça du coq à l’âne est parfois vraiment étrange surtout dans le récit, dans les dialogues le problème se pose moins.
En tous cas, je vous conseille vraiment ce livre car la réflexion est vraiment enrichissante et même si le style ou les personnages ne m’ont pas spécialement plu, le message me restera pour un moment en tête je pense.
Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley
Pocket
1932
Note Livraddict : 18/20

Respire de Anne-Sophie Brasme

« On écrit comme on tue : ça monte depuis le ventre, et puis d’un coup ça jaillit, là, dans la gorge. Comme un cri de désespoir. »

Je souhaitais vous faire cette chronique pour la sortie de l’adaptation cinématographique (le 12 novembre) mais c’est un peu raté. Je n’ai toujours pas vu le film réalisé par Mélanie Laurent qui m’a pourtant paru assez bon  par contre j’ai lu le livre et je reviens avec mon avis.

Respire est le premier livre de Anne-Sophie Brasme, auteur français qui a écrit ce livre à tout juste 17 ans. Il raconte l’histoire de l’amitié passionnelle et destructrice entre Charlène et Sarah, deux adolescentes. Tout le livre est raconté du point de vue de Charlène, discrète et mal dans sa peau qui va abandonner toute sa personnalité pour pouvoir attirer l’attention et l’amour de Sarah qui est elle au contraire très sûre d’elle et du pouvoir qu’elle a sur les gens  C’est un sujet que j’ai trouvé peu habituel et qui m’intéressait beaucoup. Mais qu’est ce que cela vaut au final ?

Quand j’ai vu le résumé (et la fin, parce que oui je connaissais la fin avant de lire le roman, je me suis faite spoilé par la Fnac !), je m’attendais à aimer ce livre car c’est typiquement le genre de texte qui me fascine et sans grande surprise, j’ai été effectivement prise par l’histoire. La narration à la première personne est vraiment bien exploité. Tout le livre va crescendo jusqu’au drame final et il porte vraiment bien son titre. Le roman est très court (120 pages), je l’ai lu d’une traite et à la fin j’avais effectivement besoin de respirer un bon coup. Le style d’écriture est vraiment bon ce qui me donne envie de lire d’autres œuvres de l’auteur. Pour écrire aussi bien à 17 ans, il faut avoir du talent ! C’est une lecture vraiment intense. L’histoire nous touche autant car je pense que des amitiés aussi fortes particulièrement à l’adolescence ne sont pas rares même si la tournure que prend les choses dans le livre est extrême. De plus, les sujets comme la manipulation, le désir d’écraser les autres ou au contraire d’être écrasé par quelqu’un sont des sujets qui peuvent être relatifs à d’autres relations comme des relations amoureuses ou familiales. Les personnages sont très bien construits même si j’ai regretté le manque d’informations sur Sarah qui est du à la narration par Charlène.

Ce livre n’a cependant pas été un coup de cœur. Il est certes poignant mais il m’a manqué quelque chose. Je pense qu’il aurait facilement pu être rallongé car j’aurai aimé mieux connaitre les personnages et leur entourage. J’ai trouvé la fin trop précipité. Le dénouement est plutôt prévisible mais ce n’est pas vraiment gênant par contre j’aurai aimé qu’il soit plus développé.

Je vous conseille ce livre si vous aimez les drames psychologiques et si vous voulez (re)vivre tous les sentiments puissants qu’on peut éprouver à l’adolescence. Le livre n’est pas parfait mais il réussit à nous emporter jusqu’à en devenir essouffler.

Respire de Anne-Sophie Brasme

Le livre de poche

2001

5€10

Note Livraddict : 16/20

Not That Kind of Girl de Lena Dunham

Not That Kind of Girl : A Young Woman Tells You What She’s Learned  (Antiguide à l’usage des filles d’aujourd’hui en français) est le premier roman de la jeune scénariste, réalisatrice et productrice Lena Dunham surtout connu pour la série HBO, Girls. Je suis une énorme fan de cette série que je trouve à la fois drôle et intelligente (je reviendrai dessus peut-être un jour sur ce blog) et les interviews de Lena m’avait convaincu sur le fait que c’était une personnalité originale et très intéressante. A la sortie de ce livre, je me suis donc ruée sur la version américaine (la version française sort à la fin du mois chez Belfond).

Ce livre se vend comme une autobiographie de Lena Dunham, comme ses mémoires. L’auteur aborde plusieurs thèmes (l’amour, le travail, ses problèmes de santé ect…) nourris par des petits dessins et des anecdotes sur sa vie.

J’ai passé une agréable lecture mais le livre est très loin du coup de cœur que j’avais espéré. A l’annonce de son livre, beaucoup de gens se sont demandé comment à 28 ans seulement on peut arriver à remplir 200 pages sur sa vie qui puissent apporter quelque choses à d’autres personnes. A la lecture de ces commentaires, je me disais que Lena Dunham n’était pas n’importe quelle jeune femme de 28 ans et qu’elle avait surement pleins de choses à dire sur l’industrie des séries, la place des femmes dans le milieu artistique ou encore ses inspirations. Cependant en réalité, Lena Dunham ne mentionne pas UNE seule fois Girls dans tout son livre. De son travail artistique, elle ne parle pas que de son premier film pendant à peine un chapitre (qui est cependant un des chapitres que j’ai préféré du bouquin).

Je me demande réellement ce qui est passé dans sa tête et dans celle de son éditeur. Bien sure que ses histoires d’enfance ont un certain intérêt mais ne pas dire un mot sur le travail qu’il l’a rendu célèbre et lui a valu une reconnaissance internationale énorme de la part des critiques et du public, c’est incompréhensible à mon sens. Il y a des sujets, si vous connaissez la série Girls, que vous vous attendez à voir resurgir comme le fait de grandir ou l’image de son corps et ces sujets sont juste vaguement mentionnés.

Bon, vous allez me dire que je me plains de ce qu’il n’y a pas dans ce livre mais qu’est ce que vaux ce qu’il y a dedans ? Je dirai que le contenu est inégale. Il y a certains chapitres que j’ai trouvé bon, le style de Lena Dunham est drôle et frais. Les passages que j’ai préféré sont ceux où elle s’éloigne un peu de son vécue pour nous faire part de ses réflexions personnelles, des réflexions qui peuvent toucher et faire réfléchir tout le monde comme le passage sur la mort. Je déplore énormément que le livre n’en contiennent pas plus.

Not That Kind of Girl pose, sans le vouloir, une question que beaucoup d’écrivains (ou même d’artistes en général) se posent lorsque qu’il intègre des bouts de leurs vies à leurs travaux et que je me pose également en tant que lectrice : pourquoi certaines vies méritent d’être raconté et d’autres non ? Où est la frontière entre le souvenir qui va faire ressentir des choses à un grand nombre et celui qui va juste atteindre les personnes concernés directement ?  Je n’ai pas la réponse à ces questions mais pour moi, le livre de Lena Dunham va parfois trop loin et devient trop anecdotiques. C’est sympa un ou deux chapitres sur ces histoires d’amour surtout vu le ton abordé mais 60 pages, on s’ennuie vite.

Pour conclure, je dirai que ce livre ressemble au journal intime d’une enfant talentueuse et surdouée. Parfois, j’ai été captivé par ma lecture et pendant quelques paragraphes j’ai ressenti l’intelligence et la créativité de Lena Dunham mais la plupart du temps, j’ai été plutôt juste amusé sans rien de plus. Not That Kind of Girl est un livre qui avait un énorme potentiel mais qui à mon sens, se contente de nous faire juste sourire alors qu’il pourrait aller bien plus loin. Dommage …

Not That Kind of Girl de Lena Dunham

Sorti le 31 octobre chez Belfond pour l’édition française 

2014